Batman rencontre les Beatles

Le 12 octobre 1969, l’animateur de radio Russ Gibb a lancé la rumeur comme quoi Paul McCartney serait mort en 1966 dans un accident de voiture, et que ce serait un sosie qui le remplacerait au sein des Beatles

Dans la seconde moitié des années 60, DC Comics cherche à rendre Batman plus populaire auprès des jeunes.  La série est donc modernisée: Bruce Wayne ne vit plus dans le Manoir Wayne sur un domaine isolé, mais bien dans un penthouse au centre-ville de Gotham.  Quant à Richard Dick Grayson alias Robin, il est étudiant à l’université et il réside sur le campus. C’est donc dans cet état d’esprit « hip », « in » et « now » que Frank Robbins, alors scénariste pour Batman, eut l’idée de piger directement dans l’actualité, en s’inspirant de la rumeur au sujet de Paul McCartney.  Le résultat: Batman 222, “Dead…Till Proven Alive!”, publié en juin 1970.

DC Comics ne pouvait évidemment pas utiliser les vrais noms.  Aussi, dans cette aventure, ils sont remplacés comme suit:

  • The Beatles = The Oliver Twists, ou The Twists (And Shout?)
  • Paul McCartney = Saul Cartwright
  • John Lennon = Glennan
  • Ringo Starr = Benji
  • George Harrisson = Hal

Voici donc l’histoire, en espérant que vous êtes fluents en Groovy, car ces cats sont far out:



Comme par hasard, qui donc se trouve à être l’un des plus importants actionnaires de Eden Records, la compagnie de disques des Twists?  Mais Bruce Wayne, bien entendu.






Non seulement Saul est celui qui ressemble le moins à son homologue des Beatles, il est le seul des Twists à ne pas s’habiller en Sergent Pepper’s. On dirait plutôt qu’il a dévalisé le placard du Doctor Strange.




















Les références aux Beatles.
La première est bien sûr leur ressemblance physique.  Ironiquement, bien que l’on reconnaisse parfaitement Ringo en Benji, John en Glennan et George en Hal, le moins ressemblant est Saul / Paul, soit le seul vrai Oliver Twist.

L’un des indices sur lesquels les fans des Beatles se basaient pour théoriser sur la mort de Paul: Il nous tourne le dos, sur la pochette arrière de Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band, histoire de cacher le fait qu’il s’agit d’un sosie.

En couverture, nous avons une reproduction quasi-exacte de cette pose:

Autre indice: En pochette de Abbey Road, il est le seul à être pieds nus. 

Toujours en couverture, même chose: L’un des Twists est pieds nus.  Blooper cependant, il s’agit ici de Glennan / Lennon et non Saul / Paul.

Autres références:

  • Glennan qui dit « Sure was a ball, Saul. Too bad it’s over. » en message caché à la fin de la chanson Summer Knights = John Lennon qui dit « I Buried Paul » en message caché à la fin de la chanson Stawberry Fieds Forever.
  • Apple Records = Eden Records.
  • Yellow Submarine = Pink Submarine.
    Le voyage en Indes des Beatles, leur rencontre avec le Maharachi Mahesh Yogi = le voyage des Twists aux Himalayas. 
  • La rumeur disant que Paul est mort dans un accident d’auto = La rumeur disant que Saul est mort dans un accident de moto.
  • Et bien sûr: Paul est mort. = Saul est le seul d’encore vivant.

Détail amusant: Le fait que Saul démarre un nouveau groupe nommé Phoenix n’est pas une référence à Paul qui démarre un nouveau groupe nommé Wings.  Il s’agit juste d’une coïncidence, puisque le scénario de la BD a été écrit en 1970, et que les Wings firent leurs débuts en 1971.

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Et à part de t’ça.
Lorsque je ne suis pas occupé à écrire au sujet des groupes british dans les comics américains, je fais de la bande dessinée québécoise.  Voyez ma série La Clique Vidéo sur la page Requin Roll, dont voici la planche numéro 11.


 

A propos Steve Requin

Auteur, blogueur, illustrateur, philosophe amateur et obsédé textuel.
Cet article a été publié dans Batman, Crossovers, DC Comics, The 70s. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

4 commentaires pour Batman rencontre les Beatles

  1. François Bourdages dit :

    Une analyse très intéressante qui a prit beaucoup de temps. Bravo.

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  2. ce comic est probablement crée avec la « méthode » habituelle de Julius Schwartz https://fr.wikipedia.org/wiki/Julius_Schwartz
    Il demandait a ses dessinateurs de faire une couverture avec un événement incongru. peut-être en a t-il discuté avec Neal Adams , l’auteur de la couverture. ensuite il donner a un scénariste la job d’écrire une histoire autour de la dite couverture. Mort Weisinger « editor » de Superman utilisait aussi cette méthode

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